Ouvertures

Voyage au pays du blues (Mississippi-Chicago 2010-2011)

Jean-Pierre Urbain à la Galerie Ouverture
lundi 17 octobre 2011 par La rédaction

Au travers de clichés noir et blanc, cette exposition vous invite à une pérégrination au pays du blues, à la rencontre d’êtres humains croisés ci et là, de musiciens approchés sur scène ou chez eux, de regards, de visages, de lieux de rendez-vous parfois improbables ...
Plus qu’une musique, le blues est un cri de l’âme, un exutoire. Qu’elles soient prises dans des petites bourgades du Mississippi figées dans un autre temps ou dans un bouge perdu dans les quartiers noirs de Chicago, ces photos sont là pour rendre hommage à cette musique, et surtout à son peuple.

(Photographies noir et blanc argentiques de Jean-Pierre URBAIN réalisées en 2010 et 2011- Tirages personnels sur papier baryté )

Galerie Ouverture, Théâtre Le Moderne
Rue Sainte Walburge, 1 4000 LIEGE

Vernissage musical le samedi 5 novembre de 14 à 18h avec un concert de blues vers 16 h ! Au cours de ce vernissage, trois musiciens liés au célèbre « ELMORE D and friends » viendront nous faire une petite surprise : une partie de blues en pleine cafeteria.

Exposition accessible les samedis 5, 12, 19 et 26 novembre de 14 à 18 h et durant les spectacles du Théâtre Le Moderne de novembre et décembre 2011.

Nous vous avions déjà convié en octobre 2010 à l’exposition de Jean-Pierre à la Galerie Jacques Pelzer (Maison du Jazz) à Liège. A cette époque nous écrivions :

Sans vouloir l’inclure de force dans ce vocabulaire qui le rebute, je dirai pourtant que JP a une réelle démarche photographique. Rien à voir pourtant avec un projet esthétisant. L’émotion qui le guide est celle de l’émotion brute, celle qu’il aime en musique, le flux jaillissant du blues, la vie quotidienne dans les quartiers black, la solidarité, les difficultés partagées. Il apparaît clairement qu’il a créé une vraie connivence avec ses amis de Chicago ou du Mississippi. Et qu’il a plongé aux racines de cette musique qui le touche au cœur.

Si l’esthétique (pas l’esthétisme) est au rendez-vous en finale, ce n’est pas de volonté délibérée : c’est l’aboutissement d’une démarche prioritairement humaine (jetons cet horrible mot « humaniste »), joignant la passion musicale, l’extase, l’émotion partagée, l’amitié, la rencontre et le partage des difficultés.

Entre ses clichés de musiciens en action vous trouverez de chaleureux portraits d’amis, d’inattendus clichés de rues, des lieux sinistrés, de « ringards » musical lounges : l’âme et la source du blues qui perdure.

Jean-Pierre n’est pas inconnu de notre association « Priorité à l’Ouverture » puisqu’en 2002 il avait suivi chez nous un stage de labo argentique puis a parcouru son propre chemin. A l’occasion de cette expo de 2002 nous lui avions demandé de parler de sa démarche photographique :

En gros, ma passion pour la photo est dans un sens indissociable de ma passion pour la musique, pour le blues et certaines formes de jazz (les plus libertaires pourrait-on dire). Je collabore et ai collaboré à diverses revues de blues (Belgique, France, ...) depuis une vingtaine d’années dont la regrettée revue mensuelle belge “Jazz in Time ?. A l’heure actuelle je suis surtout actif pour la revue française “ABS ?, et la revue belge néerlandophone “Back to the Roots ?.


Depuis 10 ans environ la photo a pris une place de plus en plus importante dans ces activités liées à la musique. Un moment important pour moi fut mon bref passage chez vous alors que je venais de monter un labo à la maison, de racheter du super matos -de photo et de labo- devenu accessible grâce à la montée en puissance du numérique. C’était vers 2002-2003. Ma rencontre avec Françis et surtout sa manière de voir la photo et la vie en général m’a conforté dans mes choix, dans ma perception des choses et m’a motivé à continuer. Je suis 100% (moins mon passage chez vous !) autodidacte en matière photo ; je n’ai pas de formation artistique comme tu as pu le voir sur mon cv professionnel. ;-)) Je ne pratique que l’argentique (24x36, 6x6, et 6x45) noir et blanc ; et suis un fan de Neopan 1600 et de Tri-X. Le NB me convient je pense, il me pousse à aller vers quelque chose que je trouve d’essentiel : c’est une lecture du monde qui est directe. Je pense que si démarche il y a, chez moi elle est totalement instinctive, et dépend de ce que je peux ressentir en voyant quelque chose, en entendant un son, en regardant un musicien, en croisant un visage. Dans un sens le NB n’est pas un choix conscient de ma part, mais il s’est imposé de manière naturelle. Quant à l’argentique, j’aime l’attente, la surprise, la réflexion et je suis un passionné de travail en labo, de la magie renouvelée à chaque séance, de l’isolement de la chambre noire. La perfection et la performance technique et esthétique (whatever that means) ne m’intéresse pas du tout ; j’ai besoin d’émotions brutes, que ce soit en musique, en littérature, en photo, dans la vie dans un sens.

Même si c’est avant tout les thèmes liés à la musique, au blues en particulier, qui me passionnent, je ne pense pas pour autant être un photographe de scène. Je suis incapable de sortir quelque chose de bien si je ne suis pas touché par ce que j’entends, par ce que je vis. Ce qui me passionne, c’est d’essayer de partager ma passion non pas seulement pour cette musique, mais aussi pour les êtres humains qui la jouent et peut-être encore plus ceux qui la vivent dans leur communauté. Musique afro-américaine communautaire, musique d’un peuple au passé chargé d’histoire, le blues évoque chez moi autre chose que simplement de la musique, ce qui explique peut-être que je préfère parfois photographier d’illustres inconnus qui ne sont pas musiciens, des endroits, des lieux. J’ai envie qu’une porte d’un bistrot perdu du Mississippi évoque autant le blues qu’un instrument de musique.

J’ai la grande chance d’aller à Chicago pour la musique chaque année depuis une dizaine d’année, j’y ai beaucoup d’amis, d’endroits que j’adore. Je vais fréquemment aussi dans le sud profond des US à la rencontre des gens, de leur musique.

D’accord Jean-Pierre. Tu ne sais peut-être pas ce qu’est une démarche photographique mais pourtant tu l’expliques très bien ! Grand merci à toi.

Et puisque, en ami fidèle, tu insistes, voici les liens vers tes amis :