
Les nomades berbères de la région du lac Iriki
Ca fait 6 ans déjà que je parcoure le Maroc patiemment, à la recherche de son âme profonde. A la recherche de mon âme aussi, de mes souvenirs d’enfant ardennais, de l’esprit de famille des collectivités rurales, de la vie simple, de la générosité, de la solidarité. Du pain cuit maison (ou dans le sable), des soirées entre proches, des commérages comiques ou tragiques. Tout ça avec l’obsession de m’y installer bientôt définitivement.
J’ai toujours été un inconditionnel de la photo en noir et blanc. Ce qui explique peut-être mon silence photographique durant ces 6 années où je n’ai eu en tête que les petits villages marocains où la couleur est si envahissante. Mon projet est de vous montrer le Maroc tel que je le perçois humainement, sans ses superbes parures d’opéra qui font paraître si douce la dureté de la vie.
A présent, après de nombreux séjours au Maroc, je me sens enfin capable d’échapper à l’exotisme flatteur des photographies couleurs. Pourtant ce n’est pas à la misère que je vais m’attacher, mais à la dignité humaine, à l’amitié, à la fraternité. Dans des conditions de vie extrêmement pénibles. Sans doute il y aura de la tragédie, mais aussi de la comédie. J’espère pouvoir vous révéler l’âme des « hommes bleus », mystérieusement mise au secret sous leurs chèches noirs ou blancs. J’ai trouvé un guide et ami sincère et très cher qui m’introduira dans les familles des berbères nomades du Sahara. Mon cœur est prêt. Il est temps de renouer avec la photographie.
Le sujet est vaste. Les nomades berbères ont eu à affronter ces dernières (dizaines) d’années de graves modifications de leur cadre de vie : sécheresse, assèchement du lac Iriki, raréfaction du fourrage, etc… Certains se sont sédentarisés ou semi-sédentarisés. Certains ou une partie de leur famille se livrent maintenant à l’agriculture. Certains tentent de pallier au manque de nourriture pour leurs troupeaux en déplaçant ceux-ci sur de très grandes distances à l’aide de camions. Et d’autres se sont même repliés dans les montagnes proches. Mon ami Ali a beaucoup de choses à m’apprendre sur ces interactions et rétroactions entre climat, désertification, mode de vie traditionnel et tentatives d’adaptation à ce biotope instable.
- Dans le désert nous avons trouvé cette dépouille de dromadaire égorgé pour le besoins d’un tournage de film et ensuite abandonnée. Des familles viennent prélever des morceaux de viande.
Ali m’a déjà beaucoup appris mais j’ai encore beaucoup à apprendre de lui. Juste une anecdote pour vous faire découvrir un petit trait du personnage : à Ouarzazate, il est impensable pour un commerçant de faire vendre aux touristes les produits d’artisanat local ou les bijoux sans se sentir obligé de revêtir la djellaba bleue et se couvrir la tête d’un chèche élégamment disposé ; mais j’ai rencontré Ali à Zagora en jeans, chemise et baskets ; ce n’est qu’à l’approche des tentes de sa tribu qu’il a revêtu l’habit local. Ce n’est aussi qu’après avoir quitté l’habitacle du 4x4, accablé par le soleil, les mouches, le vent chariant sable et poussière, que j’ai compris l’utilité de ce chèche. Comme dit Ali :“ l’homme est le produit de la terre où il vit. ?
Je vous transmets aussi ceci qu’il m’a confié. Un jour sa mère a dit à son père : “je ne veux plus voyager, je veux rester à l’oasis pour que mon fils aille à l’école ?. C’est ainsi qu’Ali, depuis, a obtenu sa licence en géographie. Aujourd’hui, une de ses préoccupations est l’alphabétisation des femmes.
En est-ce assez pour que vous compreniez mon attachement à lui ?
Les images de la galerie ci-dessus sont mes premières photos réalisées au Maroc le mois passé, celles qui m’ont rendu le goût de la photographie. Elles n’ont pas été traitées par Photoshop. C’est une démarche que je dois commencer dès maintenant.
Rendez-vous ici 2 ou 3 fois par an pour suivre l’évolution de mon travail.
Youssef
- Premiers pas dans le traitement de photo avec GIMP
La rédaction
Articles de cet auteur
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Les nomades berbères de la région du lac Iriki27 août 2008, par nomade
bonjour je suis passionné par les nomades depuis tout petit je me sens moi méme un peu nomade voyagant aimant cette culture les berbéres me passionne me donne envie de tout quitter.... mes comment faire partir seul ? avec quelqun qui pourrai me faire découvrir ce peuple... c’est plus qu’un réve merci d’avance....
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@ nomade : des infos et un contact pour donner vie à ta passion28 août 2008, par Youssef
Très facile : je te recommande un ami très cher, de la tribu des Aït Atta, et qui pourra te servir de guide et deviendra ton ami. Je peux te le certifier. Tu ne regretteras pas l’expérience et peut-être trouveras-tu là-bas ton territoire de transumance ;)
C’est d’ailleurs mon projet aussi : j’y pars dans 3 ans définitivement.
Tu peux contacter facilement Ali par email ou sur son portable (quand il n’est pas au Sahara). Fais déjà connaissance avec lui en visitant ses 2 sites : http://www.maroc-trekking.net/ et http://pagesperso-orange.fr/sweet.d... Tu y trouveras toutes les infos, des photos et ses coordonnées.
Et puis tu peux aussi te faire une petite idée en regardant quelques photos que j’avais faites durant ma première petite ballade avec Ali chez les nomades qui se trouvaient près du lac asséché d’Iriki. c’est ici : http://www.ouvertures.be/spip.php?a...
Et puis y a eu aussi une excellente émission de « Faut pas rêver » sur les nomades Aït Atta. Tu peux la regarder sur http://www.dailymotion.com/video/x2...
Héhéhé, en tout cas moi je suis très impatient d’aller le retrouver lui et la famille des berbères nomades vers novembre-décembre.
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Les nomades berbères ?29 octobre 2007, par Un curieux
Intéressant mais qui sont ces berbères nomades ? Ce ne sont pas les Touaregs ? Je ne pense pas que les Touaregs sont berbères...
Il faudrait peut-être expliquer un peu ?
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Les nomades berbères ?30 octobre 2007, par Youssef
Et bien si ! les Touaregs sont aussi des Berbères. Tout comme les Rifains (du Rif) et les Kabyles d’Algérie : les Berbères s’identifient d’abord à leur ethnie régionale. Il s’agit bien du même peuple (études génétiques à l’appui) très ancien (son calendrier nous situe en l’an 2957)dont la répartition géographique va des ïles Canaries à l’Egypte (l’oasis de Siwa), et des rives méditerranéennes à toute la bande sahélienne au sud du Sahara sur une étendue de 5 millions de km carrés. Avec une langue commune (le tamazight, qui se décline en de nombreux dialectes).
La langue berbère est une langue afro-asiatique très proche du copte, lui-même dérivé de l’égyptien ancien. Les études linguistiques récentes arrivent à la conclusion que les berbères sont originaires d’Afrique Orientale et que le proto-berbère s’est différencié des autres langues afro-asiatiques il y a environ 10000 ans. Ce qui donne une idée de l’ancienneté de ce peuple et de cette langue qui possède son propre alphabet : le tifinagh que les Touaregs seuls ont su conserver.
Bon, tout ça me donne le vertige ! Et me fait penser que je devrai certainement revoir le titre de ce travail car je ne voudrais pas qu’on s’imagine que mes amis nomades restent assis toute l’année au bord d’un lac asséché.
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